L’Allemagne domine le monde de la musique classique par la qualité de ses orchestres, c’est ce que montre les résultats d’un vote réalisé par un jury de critiques musicaux professionnels. Cinq des meilleurs orchestres sont allemands, en tête desquels les Berliner Philharmoniker qui remportent la palme du meilleur orchestre au monde. Les orchestres du Leipzig Gewandhaus (4), de la Berlin Staatskapelle (7), de la Dresden Staatskapelle (8) et l’Orchestre symphonique de la radio bavaroise (10) assurent aux orchestres allemands une forte présence dans la liste des meilleurs orchestres.
Neil Fisher, rédacteur en chef adjoint de la section culturelle du journal The Times, est clair sur les raisons qui assure cette suprématie aux Berliner Philharmoniker : “Les Berliner Philharmoniker représentent un modèle international en matière de virtuosité et de précision d’ensemble. Plus encore, les musiciens font preuve d’une volonté d’aller toujours plus loin, de tester son public, ses chefs d’orchestre, de se tester eux-mêmes.
“Alors que l’intérêt suscité par l’élection du nouveau chef cette année a révélé les divisions au sein de l’organisation - et les pires côtés d’une structure administrative peu claire -, elle a aussi démontré la singularité d’un orchestre qui, sous la direction discutée de Simon Rattle, n’a cessé de fasciner les critiques et le public à travers le monde.”
Le Royal Concertgebouw Orchestra d’Amsterdam a été classé second par notre jury, à une certaine distance du Philharmonique de Vienne qui arrive troisième. Un seul orchestre britannique se hisse parmi les 10 premiers orchestres - le London Symphony Orchestra (6) - et l’Orchestre symphonique de Chicago (5) et celui de Boston (9) représentent les Etats-Unis. L’Orchestre de Paris est le premier orchestre français à apparaître dans la liste, à la 28e place.
Depuis le vote similaire organisé il y a sept ans par The Gramophone, deux orchestres ont fait un progression remarquable. L’orchestre de la Berlin Staatskapelle (qui n’apparaissait même pas dans le top 20) et le Leipzig Gewandhaus (qui passe de la 17e à la 4e position). Ces deux progressions peuvent s’expliquer par la stature de leur chef, Daniel Barenboim et Riccardo Chailly.
En effet, Chailly a remporté la palme du meilleur chef d’orchestre. Chef principal du Leipzig Gewandhaus depuis 2005, et chef principal à la Scala jusqu’en 2017 où il occupera la position de directeur musical, Chailly a été nommé récemment chef principal du Festival de Lucerne, poste qu’il occupera à partir de l’édition 2016 du festival. Cet automne, il part en tournée en Autriche, à Paris, à Birmingham et à Londres avec l’Orchestre du Gewandhaus et un programme faisant entendre des œuvres de Mozart et de Strauss. Leur enregistrement des Sérénades de Brahms a remporté la semaine dernière le ECHO Musikpreis, et leur DVD de la 9e Symphonie de Mahler a été sélectionné pour un Gramophone Award. Chailly a tout simplement le monde de la musique à ses pieds.
Suite à la publication des résultats ce matin, Maestro Chailly à répondu : "Merci à tous les critiques. Mes salutations à tout le monde”. A propos des qualités qu'il a su apportées aux orchestres du Gewandhaus et de La Scala, il a répondu qu'il avait essayé de "respecter leur personnalité, de faire revivre leur passé qui a laissé ses marques sur l'histoire de la musique".
“Aucun concert ou opéra dirigé par Chailly ne laisse une impression de déjà-vu”, explique Neil FIsher. “Le chef italien a une incroyable capacité à repenser, provoquer et faire partager la musique, et il le fait avec un nombre de répertoires que probablement aucun autre chef ne peut prétendre maîtriser : des opéras de Puccini aux sérénades de Brahms en passant par les Passions de Bach et les miniatures de Kurtag. Chailly marie une intelligence pénétrante à un charisme naturel, et les résultats sont toujours nouveaux et rafraîchissants".
Sir Simon Rattle, chef principal des Berliner Philharmoniker, l’a cédé de peu à Chailly. Rattle a mené son orchestre en tournée à travers le monde au début de cette année avec un cycle consacré aux symphonies de Sibelius, un répertoire auquel l’orchestre n’est pas habitué. En 2017, Rattle occupera le poste de directeur musical du London Symphony Orchestra et des bruits courraient concernant son désir d’obtenir une nouvelle salle de concert.
Kirill Petrenko, élu à la surprise de tous cet été à la tête des Berliner Philharmoniker, est classé à la 7e place. Christian Thielemann, qui n’a pas obtenu le poste à la tête de la formation berlinoise, arrive à la 10e place.
A la 4e position, Andris Nelsons qui vient de faire ses adieux à l’Orchestre symphonique de la ville de Birmingham pour rejoindre l’Orchestre symphonique de Boston. Parmi ses dernières apparitions marquantes, notons la 8e de Mahler à Tanglewood, la 5e de Mahler au Festival de Lucerne, et la 6e de Mahler avec le Boston Symphony aux BBC Proms.
Bien que la liste établie soit difficilement discutable, j'ai été néanmoins surpris par une absence. Semyon Bychkov n’a cessé de m’impressionner ces dernières années, que ce soit à la tête du London Symphony Orchestra, le Philharmonique de Vienne ou encore l’Orchestre symphonique de la BBC, mais il n’est apparu dans aucune des listes présentées par les membres du jury. Peut-être passe-t-il au travers du radar de la critique en raison du fait qu’il n’occupe plus, depuis son départ du WDR Sinfonieorchester Köln en 2010, un poste de chef principal.
Quelle est votre opinion ? Les critiques ont-ils raison ? Est-ce que votre orchestre et chef d’orchestre favoris apparaissent dans le top 10 ? Tout au long du mois de septembre, vous avez l’opportunité de voter pour votre orchestre et chef d’orchestre favoris. Cliquez ici pour nous faire part de votre choix.
Le jury de Bachtrack était constitué de 16 critiques provenant du monde entier. Leurs sélections ont été soumises de manière indépendante. Les 16 critiques sont : Tim Ashley (The Guardian, UK), Lazaro Azar (Reforma, Mexico), Manuel Brug (Die Welt, Germany), Eleanore Büning (FAZ, Germany), Hugh Canning (The Sunday Times, UK), Arthur Dapieve (O Globo, Brazil), Manuel Drezner (El Espectador, Colombia), Harald Eggebrecht (Süddeutsche Zeitung, Germany), Neil Fisher (The Times, UK), Christian Merlin (Le Figaro, France), Martin Nyström (Dagens Nyheter, Sweden), Clive Paget (Limelight, Australia), Clément Rochefort (France Musique, France), Benjamin Rosado (El Mundo, Spain), Gonzalo Tello (El Comercio, Peru), Haruo Yamada (Japan)
Chaque critique a nommé les dix orchestres et chefs d’orchestre qu’il jugeait les meilleurs, attribuant ainsi à chacun des points en fonction de la place occupée dans la liste (10 points pour le premier de la liste, 1 point pour le dernier)
Trois critiques Nord-Américains se sont abstenus au motif qu’ils n’avaient pas vu assez d’orchestres ces dernières années pour pouvoir procéder au vote.