Violoniste amateur passionnée par le répertoire des compositrices, Clara Leonardi a fondé ComposHer, une plateforme consacrée aux femmes dans la musique classique. C'est cette thématique qu'elle aborde pour Bachtrack dans sa chronique mensuelle « Les Variations de Clara ».

La saison 2021/2022 des salles de concerts classiques sera-t-elle paritaire ? Dans bon nombre d'institutions, les œuvres écrites par des femmes resteront ultra minoritaires. Mais certains programmateurs intègrent désormais systématiquement quelques pièces dans leur brochure, voire consacrent des concerts entiers à la redécouverte du répertoire des compositrices. L’héritage des compositrices françaises du XIXe siècle est particulièrement plébiscité, mais la création contemporaine par exemple est également bien représentée. Alors, quels concerts réserver pour découvrir ce formidable matrimoine ?

Claire Gibault
© Gilles Mermet

1Philharmonie de Paris

À entendre absolument : La cheffe d’orchestre militante Claire Gibault continue d'œuvrer pour une programmation plus inclusive à la tête son Paris Mozart Orchestra. Accompagnée de la jeune cheffe vénézuélienne Glass Marcano, découverte lors de la compétition La Maestra, elle présentera le 27 septembre au public de la Philharmonie de Paris le Concerto pour piano de Clara Schumann avec la pianiste Isata Kanneh-Mason, une œuvre écrite par la compositrice à l’âge de quatorze ans, alors qu’elle parcourait l’Europe en pianiste prodige.

À découvrir également : Le 12 décembre, la cheffe Eleni Papakyriakou emmènera l’Orchestre Pasdeloup à la découverte d’Andromède, un des nombreux poèmes symphoniques de la compositrice française du XIXe siècle Augusta Holmès, grande admiratrice de Wagner.

2Orchestre National Avignon-Provence

À entendre absolument : La cheffe Debora Waldman, directrice musicale de l’Orchestre National d’Avignon-Provence depuis septembre 2020, poursuit son exploration du répertoire des compositrices françaises du passé. Après la recréation de la Symphonie « Grande Guerre » de Charlotte Sohy, elle dirigera le 2 octobre au Grand Théâtre de Provence la très mozartienne Symphonie n° 1 de Louise Farrenc (1804-1875), autrice entre autres de trois symphonies, deux ouvertures, d’une multitude d’œuvres de musique de chambre… et professeure au Conservatoire de Paris !

À découvrir également : Le 26 novembre, la cheffe Ariane Matiakh présentera à l’Opéra Grand Avignon la délicieuse Suite de valses de Mel Bonis.

3Opéra Comique

À entendre absolument : Le 6 octobre 2021, l’Opéra Comique consacre une journée entière à la cantatrice et compositrice Pauline Viardot, célébrité du XIXe siècle qui chanta et échangea avec Gounod, Saint-Saëns ou encore Fauré… Le soir, un concert réunissant une distribution brillante (Dame Felicity Lott, Renaud Capuçon ou encore Nathanaël Gouin) permettra d’entendre plusieurs de ses œuvres. Il faudra toutefois attendre le 15 octobre pour redécouvrir sa Cendrillon, dans une version mise en espace à l’Institut de France.

À découvrir également : Du 22 au 23 septembre, l’établissement organise le troisième volet de ses colloques consacrés aux femmes de l’Opéra Comique, qui sera l’occasion d’entendre la musicologue Raphaëlle Legrand ou encore le sociologue Bertrand Porot disserter sur la place des femmes artistes dans cette institution du XIXe siècle.

Diana Soh
© Daniel Campbell

4Opéra de Lyon

À entendre absolument : L’Opéra de Lyon est l’une des rares salles françaises à donner cette saison un opéra écrit par une femme, Diana Soh, à découvrir en novembre : Zylan ne chantera plus (sur un texte de Yann Verburgh) est une création de poche autour de l’histoire d’un jeune chanteur homosexuel persécuté (Benjamin Alunni), qui promet d’être bouleversante grâce à l’écriture imagée de la compositrice, héritière de Ligeti.

À découvrir également : Le 20 novembre, le trio formé de Raphaëlle Rubio, Sergio Menozzi et Franck Krawczyk fera découvrir Galina Ustvolskaya, compositrice russe élève de Chostakovitch, décédée en 2006.

5Opéra de Nice

À entendre absolument : Le 11 décembre, l’Opéra de Nice donnera un opéra de la compositrice française Michèle Reverdy (née en 1943) : le Cosmicomiche. L’œuvre, ici dirigée par Léo Warynski, est écrite pour un petit ensemble instrumental et un trio de chanteurs, et repose sur un texte d’Italo Calvino, qui présente des personnages extravagants, mi-tragiques, mi-comiques, qui traversent le cosmos dans un état de fuite perpétuelle.

À découvrir également : Le 25 octobre, la soprano Liesel Jürgens fera découvrir pour la première fois au public niçois le poème Cäcilie de la compositrice Emely Zobel, décédée prématurément en 1996.

6Opéra de Rouen

À entendre absolument : Le 1er février 2022, les musiciens de l’Opéra de Rouen feront dialoguer compositrices françaises d’hier et d’aujourd’hui : aux désormais célèbres Trois pièces pour violoncelle et piano de l’immense pédagogue et compositrice Nadia Boulanger et au Trio de sa sœur Lili, artiste prodige décédée à 24 ans, répondra une création, le Quintette pour piano et cordes de la compositrice française Florentine Mulsant. Le programme comprendra également le mélancolique Quatuor avec piano n° 1 de Mel Bonis.

À découvrir également : La compositrice britannique Ethel Smyth, artiste prolifique et engagée dont les nombreux opéras méritent d’être redécouverts, sera présentée par Ben Glassberg à la tête de l’Orchestre de l’Opéra de Rouen les 6 et 7 mai, avec l’ouverture de The Wreckers.

7Orchestre philharmonique de Strasbourg

À entendre absolument : On ne présente plus la compositrice coréenne Unsuk Chin, née en 1961, élève entre autres de György Ligeti, autrice de nombreuses pièces pour orchestre créées par le Philharmonique de Los Angeles ou encore l’Ensemble Intercontemporain. Les 3 et 4 février, son Concerto pour clarinette (2014) sera interprété par Jérôme Comte, avec à la baguette de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg Aziz Shokhakimov.

À découvrir également : Deux concerts de musique de chambre seront l’occasion d’explorer le répertoire des compositrices françaises du XIXe siècle : le 10 octobre, le Trio de Louise Farrenc et la Solitude de Rita Strohl ; puis le 13 décembre, de courtes pièces de Cécile Chaminade et de Marie Jaëll répondront aux trios de Farrenc et Bonis.

8Théâtre des Champs-Élysées

À entendre absolument : Le 8 mars, le Théâtre des Champs Elysée s’associera au Festival Un temps pour elles – qui a fait cet été un formidable effort de recherche pour faire découvrir au public du Val d’Oise le répertoire des compositrices – pour élaborer une programmation 100% compositrices. À l’affiche : les sœurs Boulanger bien sûr, mais aussi Mel Bonis, Marie Jaëll ou Elisabeth Jacquet de la Guerre. Le tout, porté par un trio de chanteurs de renom (Elsa Dreisig, Stéphane Degout, Philippe Jaroussky), les chambristes du Quatuor Modigliani et du Trio Wanderer, ainsi que le violoncelliste Xavier Phillips et la pianiste Marie-Josèphe Jude.

À découvrir également : La trop rare Ouverture en ut majeur de Fanny Mendelssohn ouvrira un programme allemand de l’Orchestre de Chambre de Paris, dirigé par la violoniste Antje Weithaas, le 26 novembre.

Mildred Dilling (1894-1982) et Henriette Renié (1875-1956), vers 1935
© Domaine public

9Auditorium de Lyon

À entendre absolument : Trois musiciens de l’Orchestre National de Lyon, le violoniste Jacques-Yves Rousseau, la violoncelliste Themis Bandini et la harpiste Eléonore Euler-Cabantous, s’associeront pour redécouvrir, le 17 avril, l’œuvre enchanteresse de la compositrice française Henriette Renié, experte de la harpe, à laquelle elle consacra une grande partie de son œuvre. Le concert sera aussi l’occasion d’entendre un Chant nuptial de Mel Bonis.

À découvrir également : Le 31 mars, l’ONL donnera une ouverture de la compositrice polonaise du XXe siècle Grażyna Bacewicz, à l’écriture énergique et acérée.

10Cité musicale de Metz

À entendre absolument : Le 18 juin 2022, l’Orchestre National de Metz et les Chœurs de l’INECC Mission Voix Lorraine et Luxembourg, dirigés par Pieter-Jelle de Boer, créeront les Voix des terres rouges, commande de la Cité Musicale à la compositrice luxembourgeoise Catherine Kontz (née en 1976), inspirée directement des terres du bassin minier du Luxembourg.

À découvrir également : L’institution intègre à sa programmation les compositrices d’aujourd’hui : deux concerts du Quatuor Diotima notamment, les 2 décembre et 31 mai, présenteront des pièces pour quatuor de Misato Mochizuki et Isabel Mundry.